dimanche 30 juin 2013

Mon Pilat! La Vallée de la Déome

Je ne sais comment présenter la vallée de la Déome tant elle est contrastée. Bordée à la fois par les départements de la Haute-Loire et de l'Ardèche c'est un extraordinaire mélange des paysages auvergnats et méridionaux, entre le haut et le bas de la vallée, entre l'adret et l'ubac! C'est probablement un des secteurs les moins courus et les moins connus du Pilat mais toutefois l'un des plus beaux.

La Déome est l’essence même du massif, à la fois discrète mais étonnamment contrastée pour qui sait ouvrir les yeux!

La Déome à un affluent important, le Ternay, qui prend sa source au pied du col de l’Œillon, le point de confluence se trouvant en Ardèche au sud de Saint Marcel les Annonay. Peu avant celui-ci, fut bâti à la fin du XIXéme siècle un barrage destiné à alimenter en eau la ville d'Annonay et la florissante industrie papetière locale.



Ce plan d'eau est un lieu de balade bien agréable, en faire le tour est possible. Au nord-est du lac le petit village d'Eteize est bordé de "Sucs" à la géologie surprenante. Celle-ci nous offre des paysages de pinèdes et prairie à l'herbe sèche et grise que l'on n'imaginerait pas trouver ici.




En remontant la vallée du Ternay nous arrivons à Saint Julien Molin-Molette, village de potiers, où l'on peut admirer de longues battisses de pierres, anciens ateliers de moulinage.

Au dessus de St Julien se trouve le pays des croquants et des croquantes: Colombier. Ne me demandez pas pourquoi les habitants de ce petit village s’appellent ainsi, mais je doute fort que Brassens y soit pour quelque chose. Colombier est célèbre pour son site mégalithique, probablement le plus connu du Pilat le Menhir du Flat. Il faut seulement une dizaine de minutes pour rejoindre à pied le menhir depuis le centre du village. Toutefois se limiter à cette seule visite serait pénalisant pour Colombier. Les alentours du village sont une merveille de nature et un patrimoine rural de toute beauté. Pour ne rien gâcher, les jours de beau temps la chaine des Alpes s'étend majestueuse sous vos yeux!



Du coté de la Versanne, il existe un autre secteur bien connu du Pilat de la Déome à savoir la grotte Sarazinne. Il faut un bon quart d'heure depuis la Croix Fayard pour s'y rendre à travers une superbe hêtraie. La grotte en elle même n'a pas beaucoup d’intérêt, comme toutes les grottes pilatoises il s'agit plutôt d'un abris sous roche. Par contre elle domine la vallée et offre un beau panorama sur celle-ci.


Si vous n'êtes pas adeptes de la marche, tout l'adret de la vallée regorge de petites routes et de petits hameaux aux fermes traditionnelles magnifiques.

Coté ubac, la plus belle forêt du Pilat s'étale. La forêt de Taillard est une vaste sapinière qui s’étire sur les trois départements de la Loire, de l'Ardèche et la Haute Loire, de 750 à 1387 mètres d'altitude au Grand Felletin. Cette futaie jardinée gérée par l'ONF est un petit coin de paradis pour la chouette de tengmalm ou le pic noir. J'y est même vu quelques pieds de grandes gentianes jaunes.


En hiver c'est un superbe terrain de jeux pour les amateurs de ski nordique et de raquette à neige, en été c'est un secteur très agréables pour s’extirper de la chaleur caniculaire du piémont rhodanien, où l'on peut facilement pratiquer toutes sortes de randonnées aussi bien à pied, à cheval ou à VTT. Pour les adeptes du grand frisson, on peut s'y exercer à d'autres activités, plus....aériennes.


Maintenant si, vous préférez une petite sieste, couché dans l'herbe à l'ombre d'un arbre, allez donc faire un tour du coté de la Maison dans la Nature, l'endroit est particulièrement bucolique!

 

Outre les magnifiques fermes, il existe quelques vielles pierres dans la vallée de la Déome qui sont intéressantes de par le lieux où elles se situent, l'histoire qu'elles évoquent, ou tout simplement leur reconversion actuelle.
Les ruines de Montchal et d'Argental, la maison du Chatelet à Bourg-Argental ou le château de Bobigneux à St Sauveur en Rue, sont les plus célèbres. Il existe aussi comme dans tout le massifs du Pilat, de superbes croix aux carrefours des chemins ou aux passages des cols.

mardi 4 juin 2013

Mon Pilat! le Pilat du Gier

Quittons le Pilat rhodanien pour passer de l'autre coté des Crêts, celui du Pilat du Gier appelé aussi le Jarez.
Celui-ci sur le flan ouest du massif est soumis à l'influence du climat océanique qui lui apporte beaucoup d'humidité. Les paysages y sont donc bien plus verdoyant que coté Rhône.

Le nord du Jarez nous offre un paysage colinéen au vert tendre, royaume du châtaigner et du chêne et des vastes prairies. Mais plus au sud, le Jarez est un Pilat austère, un Pilat de schiste et de conifères, aux reliefs prononcés, aux vallées profondes et aux sous bois sombres. C'est aussi le Pilat de l'eau, des barrages et des lacs. C'est le Pilat des mystères, le Pilat des fées, le Pilat mystique celui des contes et des légendes.



Au cœur de ce Pilat, il est un lieu particulièrement chargé d'Histoire et d'histoires, un lieu fondé au XIII siècle où se sont croisés gentes dames et chevaliers, moinillons et templiers:  la Chartreuse de Sainte-Croix


Celle-ci fut occupée par les moines jusqu'en 1792, année durant laquelle les moines en ont été expulsés par les révolutionnaires. La chartreuse devenue bien national fut alors vendue aux paysans locaux. Ceux-ci sont venus y habiter en conservant tel quel les bâtiments, ce qui nous offre aujourd'hui l'un des plus beau village de France.



Au nord de la Chartreuse sur un petit sommet culminant à 657m se trouvent les Roches de Marlin ou de Merlin, aussi appelées Pierre qui Chante (Pierre enchantée), ou Pierre du diable. Vous l'aurez compris, c'est un haut lieu de légendes pilatoises.

Toutefois si l’ésotérisme du site ne vous emballe pas, allez y quand même, l'endroit est très agréable pour s'y promener à pieds ou en VTT et tout particulièrement en automne lorsque les journées ne sont pas trop chaudes et que les callunes sont en fleurs. Et puis vous aurez peut-être l'occasion de croiser quelques chèvres Saanen ou Chamoisé, le Jarez faisant partie du territoire de production de la rigotte de Condrieu.



Maintenant si vous préférez la fraicheur des ruisseaux descendez vers l'ouest et le barrage du Couzon.  C'est un ouvrage plutôt remarquable, de part son âge d'abord, les travaux ayant commencés sous Louis XVI à la veille de la Révolution mais aussi de part son architecture mixte qui allie mur maçonné et terre. En poursuivant votre balade le long du Couzon vous découvrirez à l'aval les restes des anciens aqueducs qui  alimentaient en eau le canal de Givors.



A quelques kilomètres de là, une autre vallée est aussi riche de son patrimoine hydraulique. Il s'agit de la vallée du Dorlay. Au début de l’ère industrielle l'eau était une ressource "renouvelable" et économique. Elle fut longtemps utilisée pour faire tourner les moulins et scieries de la région. En ouvrant un peu l’œil vous découvrirez surement au détour d'un chemin quelques petites merveilles d’ingéniosité: biefs, roues à augets, vielles poulies rouillées, ou courroies de cuir fraichement restaurées.

Et puis si vous aimez ça, faites donc un petit crochet par la Maison des Tresses et Lacets, la visite en est passionnante, voir surprenante!

Poursuivons donc notre balade de vallée en vallée. Celle qui suit n'est autre que la vallée du Gier.  Là aussi l'eau est exploitée depuis bien longtemps et trois barrages ont été construits entre 1866 et 1973. Le premier rencontré en sortant de St Chamond, est le barrage de Soulage, c'est aussi le plus récent. Comme les deux autres il fut construit pour alimenter en eau potable les habitants des agglomérations en aval. Cette retenue et celle de la Rive en amont sont appréciées des pécheurs locaux et un beau sentier en permet le tour.


Au printemps de superbes chutes d'eau dévalent les trop-plein dans un bruit de tonnerre. Celui du Soulage est vraiment impressionnant avec sa cascade de 40 mètres de haut

A quelques encablures au dessus du barrage de la Rive et de la Valla en Gier, le petit hameau de Luzernod nous réserve une petite surprise. On y découvre en effet la coupole d'un observatoire astronomique. Celui-ci est géré par Astro-Uranie le club astronomique de la MJC de St Chamond, qui propose des soirées d'observation grand public, avis aux amateurs!

Mais le plus beau est  sans conteste la haute vallée du Gier. En effet au fur et à mesure que l'on remonte le cours du Gier, les pentes se raidissent et la nature reprend ses droits. Peu à peu la forêt prend le dessus sur les pâturages et le sapin remplace le hêtre.
Quelques gendarmes de granit émergent ça et là! Au delà de la scie du Bost la pente s'accentue le sentier devient rocailleux.

Bientôt les premiers chirats apparaissent. Ces immenses tas de pierres issu des dernières glaciations franchis, vous buterez littéralement sur le Saut du Gier! 
Bien que le sentier se poursuive "difficilement", notre balade s’arrêtera là. En allant au delà nous pénétrerions sur le royaume des "Crêtes". Mais avant de quitter cette vallée du Gier, laissez votre regard errer vers le nord. Vous y découvrirez de somptueuses aiguilles de granit qui ne sont pas sans me rappeler par certains aspects celle de Bavella, en Corse.



Il nous reste encore une vallée à visiter pour clore ce petit périple virtuel dans le Jarez pilatois, celle du Furan. Elle regroupe un peu de chacun des éléments des vallées précédentes, historique, légendaire, industrielle, ainsi que deux barrages.   Elle offre en outre un des plus gros sites d’escalade de la région avec la Roche Corbière, la via ferrata de Planfoy, et probablement la descente VTT la plus fréquentée des riders stéphanois.
Mais le clou de la vallée reste sans aucun doute le spectaculaire Gouffre d'Enfer.  Surprenant canyon sombre et sec bien que l'eau y soit omniprésente, il s'en dégage une ambiance très spéciale d'autant plus que chaque virage du sentier nous réserve une surprise.  Je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir... A si, n'oubliez pas de monter au sommet du "Pain de Sucre" cela vous coutera quelques gouttes de sueur mais, je peux en témoigner, ça en vaut la peine!