vendredi 7 décembre 2012

2012-08-27_Munia par la crête orientale

J'ai toujours préféré le cirque de Troumouse à celui de Garvarnie, probablement parce que celui-ci est, à mon gout trop étroit, encaissé, peu ouvert sur l'horizon et plus minéral. Troumouse, quand à lui offre en un seul regard tous les ingrédients de la montagne: alpage verdoyant, verticalité, minéralité de la haute altitude, neiges éternelles, torrent, et lacs en début de saison. Le pic de la Munia est avec ses 3133 m le plus haut sommet du cirque. Sa situation centrale et sa voie normale peu difficile malgré deux petits pas assez délicats et exposés en font un sommet apprécié.
Lorsque que je soumets à André l'idée d'y monter pour conclure mon séjour pyrénéen, il me propose d'y monter par le col de la Sède et la crête orientale.
5h30, 2090m: Nous voilà sur le parking au bout de la route. Nous mettons nos chaussures, chargeons nos sacs et nous voilà partis, frontale au front par l'excellent sentier qui mène au col de la Munia.
5h56: Nous quittons le sentier de la voie normale pour suivre celui qui fait le tour du cirque.
6h06: Les lacs des Aires passés, nous piquons à travers les alpages, pour rejoindre le pieds des pentes plus raides sous le col de la Sède. Le jour se lève, le ciel est rose et cette lumière douce embrase le cirque, découpant nettement les plus hauts sommets.


6h46, 2336m: Nous voilà au pied du col. Une trace plus ou moins cairnée, monte en serpentant dans la pente raide de cette grande dalle polie par les glaciers du Würm. Après la traversée du plateau, l'ascension semble raide et il faut se montrer vigilant à ne pas quitter l’itinéraire.

7h18, 2651m: Le col atteint nous longeons l'arête vers le sud-est et le Pic de Gerbat. Une harde d'isard s'échappe en dévalant vers le ruisseau des Aguilous.

7h32, 2731m: Petite pause face au cirque. Le soleil inonde les sommets tandis que le fond du cirque reste dans l'ombre. Nous mangeons quelques fruits secs avant d'entreprendre le passage le plus délicat.

7h45, 2715m: Après nous être encordé, nous descendons quelques mètres pour rejoindre le vertigineux Pas de Gerbat. Si le passage ne nécessite aucune technique d'escalade, il demande en revanche un bel engagement. Ni André ni moi n'avons pris de photos de cette traversée tant il faut rester vigilant, le moindre faux pas pouvant être fatal. Une vague sente d'isards, entre schiste et calcaire, nous mène au dessus de ce formidable couloir, magnifique toboggan quasi vertical qui finit 1000 mètres plus bas dans les alpages. La main gauche appuyée sur la roche herbeuse et délitée du Pic de Gerbats, le regard rivé sur nos pieds, nous progressons concentrés sur chacun de nos pas.
Le pas délicat franchi, nous remontons sur l'arête en poussant devant nous une harde d'isards.

8h23, 2880m: Nous voilà sur l'arête. A nos pieds, sous les pics de Gerbats et la Géla une grande dalle calcaire dévale vers le superbe vallon de Barroude. Nous restons là quelques minutes à nous en mettre plein la vue!


Au bout d'un moment nous reprenons notre parcours en crête. Peu avant le Petit Pic Blanc nous prenons à droite dans les éboulis schisteux du versant ouest afin de contourner ce petit sommet et de nous épargner ainsi les quelques mètres de son ascension.


8h38, 2925m: Nous voilà à nouveau sur l'arête. Nous la suivons quelques mètres avant de bifurquer à nouveau vers l'ouest. Après quelques centaines de mètres, nous y trouvons une nouvelle arête qui nous mènera jusqu'au sommet.

8h58: Pic Heid 3022m. Ici notre regard embrasse tout le cirque de Barroude. A nos pieds, la vue est "aérienne" et plonge vers les lacs de Barroude et le petit refuge du même nom, à peine visible d'ici.


En levant les yeux les sommets se succèdent les uns après les autres jusqu'au massif de la Maladetta. Derrière nous trônent les majestueux Mont-Perdu et Vignemale. Toutes les Pyrénées sont là!

Autre vue, autre ambiance. La Munia est encore loin et, vu d'ici, le reste de l'arête à parcourir n'a pas l'air dés plus accueillante. Elle parait longue et par endroit pour le moins exposée.
André s'enfile dans la descente, je le suis...



Quelques pas versant est, on regarde soigneusement où poser les pieds et mains, et hop, on enjambe un bloc et on repasse à l'ouest. Pas pour longtemps, quelques mètre nous suffisent pour relancer une espèce de guerre froide pyrénéenne entre le versant ensoleillé et le versant ombragé.

Une petite désescalade aérienne avant de poursuivre ainsi de blocs en blocs de petites descentes en petite montées vers le Pic de Troumouse.



9h37, 3085m: Nous voici sur le sommet qui a donné son nom à ce magnifique cirque. S'il n'en est pas le point culminant il en est le point central. Un signal géodésique permet de l'identifier facilement.

Nous découvrons ici le non moins beau cirque de Barossa, et la frontière espagnole.


9h50: Il nous faudra une petite quinzaine de minutes pour atteindre le pied du Pic de Serre Mourène. Les choses se corsent alors un peu. Il nous faut en effet grimper un court passage pour atteindre le sommet.

Finalement, je suis plus à l'aise dans ces tronçons d'escalade pure que dans les traversées d'arêtes. 10h00, 3095m: Pic de Serre Mourène. Voilà la dernière difficulté franchie.

La suite est plus facile. D'abord une petite descente vers le col Paget Chapelle, célèbre guide pyrénéen, avant une petite remontée facile.

10h11, 3096m: Petite Munia, l'antécime de la grande. Plus que quelques 200 mètres à parcourir pour à peine 40 mètres de dénivelé.

10h20, 3133m: Pic de la Munia. Voilà nous y sommes. Nous nous installons pour un petit casse-croute tout en admirant les plus beaux sommets des environs. D'ici le Mont Perdu est superbe et sa présence à toucher est envoutante....un jour peut-être!

10h50: Nos forces récupérées nous prenons le chemin de la descente. Celle-ci se fera par la voie normale. Nous suivons d'abord le fil de l'arête avant de trouver une sente descendant à travers les blocs de schiste délité.

11h17,3010m: Nous voici au Pas du Chat. Il s'agit d'une dalle inclinée d'une dizaine de mètres de haut, patinée par des millions de semelles. Coté sud une large fissure permet une ascension relativement aisée. Pour la descente mieux vaut utiliser la corde, un ancrage est prévu à cet effet. Ça bouchonne à la montée, des espagnols sont coincés dans la fissure, et quelques personnes attendent leur tour.
André me descend à l'aide d'un demi-cabestan en pleine dalle, avant de nous gratifier d'un superbe rappel "à l'ancienne" sous les yeux ébahis de la queue.
La difficulté franchie nous descendons coté français dans des éboulis schisteux avant de revenir sur le fil de l'arête.

11h33, 2905m: Cette fois nous la quittons pour de bon par une descente à grandes enjambées dans un pierrier moelleux qui nous fait perdre rapidement de l'altitude.
11h43, 2795m:  La pente s'est radoucie. Nous poursuivons à travers un dédale minéral composé de blocs plus ou moins gros, parfois posés sur de vastes dalles ou plus simplement sur cette terre ocre que l'on trouve à ces altitudes. Nous faisons alors plusieurs rencontres, d'abord avec un chien sans maitre (comment est il arrivé jusqu'ici?) puis avec un randonneur isolé qui nous recommande la plus grande prudence pour franchir le pas du Passet
12h00: Nous voici au pas délicat en question. Nous passons la corde dans l'anneau et descendons l'un après l'autre ces 15 mètres verticaux.


Une fois en bas du Pas de Passet, il ne nous reste que le couloir final à passer. Il est assez raide et parsemé de pierres instables, mais nous offre de jolies perspectives sur les Jumelles de Troumouse.

12h15,2400m: Nous voici en bas du couloir.
Je love la corde, tandis qu'André prend une ultime photo des Jumelles, puis nous nous engageons sur le bon sentier tracé à travers le grand pierrier issus de l'érosion des parois du cirque.






12h32,2250m: Voici les alpages, de nombreuses familles y pique-niquent. Nous traversons tranquillement ces paysages bucoliques au milieu des vaches, des prairies verdoyantes, des ruisseaux scintillant au soleil et des magnifiques bouquets bleu d'aconit napel.




13h00, 2090m: Le torrent est franchi un dernière petite grimpette, un dernier regard à la Munia et nous voilà de retour à la voiture. On pose les sacs, on boit et on s’étire un peu, avant de reprendre la route.

samedi 1 décembre 2012

2012-11-30_Montrond

Cette semaine la neige est tombée en abondance sur le Jura.
La météo favorable de ce vendredi nous a permis de sortir les raquettes pour la première randonnée hivernale de la saison.
Retrouver les sensations et faire la trace dans ces 50cm de poudreuse vierge fut un réel plaisir. Ce fut aussi l'occasion d'admirer à nouveaux les somptueux paysages que nous offre la montagne en hiver et de ramener quelques belles photos.

Nous partons de la petite station du col de la Faucille.
Dans la forêt, la neige est poudreuse et les conifères croulent sous un épais manteau blanc. L'ambiance est feutrée, seules nos raquettes crisent sur la neige froide!

Faire la trace dans cette belle poudreuse nous réchauffe rapidement malgré les -5°C affichés au thermomètre!

Voici le soleil, le ciel bleu, et de magnifiques épicéas qui ne sont pas sans rappeler ceux dessinés par Samivel.





Nous prenons alors la piste qui mène au chalet du Crozat, mais l'appel de la neige vierge est trop fort. Nous quittons donc l’itinéraire tracé pour laisser nos propres empreintes quelques mètres plus haut. Les perspectives changent, mais les paysages sont tout aussi enchanteurs.




Arrivés au pied du Montrond un nuage accroche le sommet et le vent qui souffle modérément refroidi rapidement l’atmosphère. De l'autre coté de la Valserine, Lajoux, la Vigoureuse et la Forêt du Massacre sont encore inondés de soleil.

Au sommet nous sommes dans le brouillard et le vent d'est est assez violent. J'attends une petite éclaircie pour photographier le Mont Blanc et la chaine des Alpes, pendant que Fabienne se gèle!


Peine perdue, au bout de dix minutes, nous quittons la cime avant d'avoir eu une bonne opportunité.
La descente nous offre néanmoins de belles perspectives sur le Haut-Jura.



Arrivés au chalet du Crozat, le ciel se dégage, le Montrond est de nouveau au soleil.






Pour le retour au parking, nous suivons la piste, la trace y est large et profonde.
Au téléski des Gélinottes nous retrouvons la douceur des sous bois et de la poudreuse.  La descente est belle et rapide.
Quelques minutes plus tard nous sommes sur la route de la Maréchaude.  Nous profitons de la largeur de la chaussée pour nous amuser quelques minutes avec nos bâtons, avant de rejoindre la voiture.